Fascinant vin muté, incontestablement traditionnel et résolument moderne, le Porto fait partie de ces vins dont l’héritage historique est immense. Avec son nom, l’on pourrait croire qu’il est né dans la ville de Porto. Et pourtant, c’est au cœur de la spectaculaire Vallée du Douro localisée à plus d’une centaine de kilomètres à l’est de la ville que se situe le berceau de naissance du Porto.
Si le vignoble du Portugal était connu dès l’Antiquité, le Porto aura connu quant à lui un destin hors-normes en raison des échanges avec le Royaume d’Angleterre dû à l’embargo lancé par Colbert, Premier Ministre du Roi Louis XIV en 1667 sur les denrées anglaises et à la signature du Traité de Methuen en 1703.
Supportant mal les voyages en mer, le vin de Porto arrivait souvent à destination en Angleterre en ayant tourné. Un marchand britannique, Jean Beardsley eut alors l’idée d’augmenter la proportion d’eau-de-vie de vin faisant ainsi muter le vin et bloquant la fermentation tout en conservant des sucres résiduels. Le Porto était donc né. Le succès retentissant du Porto causera aussi sa mise en péril en venant menacer la qualité de la production. En 1756, le Marquis de Pombal viendra alors imposer une délimitation du vignoble du Douro en imposant des critères de production. Sans le savoir, il venait ainsi de créer la première région viticole délimitée et réglementée au monde bien avant la naissance de la première AOC, en France en 1936 avec Châteauneuf-du-Pape. Plus de 400 ans après sa naissance, la prospérité du négoce du Porto perdure grâce à une organisation commerciale parfaitement orchestrée et centralisée depuis la Vila Nova de Gaia, l’historique quartier commerçant des négociants de Porto où l’on retrouve les plus grandes Maisons telles que Taylor’s, Croft, Dow’s, Quinta do Noval, Ramos Pinto ou Fonseca.
Aujourd’hui, la région de production du Porto est celle du Douro et s’étend sur près de 30 000 hectares de vignes avec des petits producteurs qui détiennent en moyenne 1 hectare de vigne. L’adage dit de cette région « 9 mois d’hiver et 3 mois d’enfer ». Les conditions climatiques de la Vallée du Douro sont en effet rudes, marquées par des hivers rigoureux et des étés très secs aux températures caniculaires.
Le Porto est quant à lui issu d’une grande diversité de cépages autochtones et se décline en différents styles. S’il existe en version blanc, le Porto le plus noble est celui que l’on déguste en rouge. Tawny, Ruby, Late Bottled Vintage (L.B.V) et enfin les plus nobles, les Porto Vintage, le Porto incarne un vin fruit d’un savoir-faire ancestral qui s’exprime à travers sa complexité et son exceptionnel potentie de garde.